Quelle stratégie de survie à long terme dans un monde fluctuant et imprévisible ? Quelle manière d’habiter le monde face à l’incertitude ? C’est en se posant cette question fondamentale qu'Olivier Hamant, biologiste et directeur de l’Institut Michel Serres, fait le constat de l’insoutenabilité du modèle de performance qui régit le fonctionnement des sociétés humaines depuis le néolithique et propose de développer plutôt un système de robustesse, véritable contre-modèle de la performance, en s’appuyant sur l’étude des stratégies du vivant.
Juillet 2024
Avec l'anthropocène, on assiste à deux phénomènes : la prise de conscience d’un monde fini qui se matérialise par la pénurie visible des ressources et l’instabilité des conditions de vie qui se traduisent par de multiples turbulences imprévisibles à l’échelle planétaire.
Désormais, l’incertitude et les turbulences du milieu constituent la nouvelle norme pour le vivant. Dans ce contexte, le système fondé sur la performance semble être un colosse aux pieds d’argiles, prêt à s’effondrer. La performance, définie comme la somme entre l’efficacité (atteinte d’un objectif) et de l’efficience (avec le moins de moyens possibles) fait appel à des critères (optimisation des ressources, rendement) capable de se déployer dans un contexte stable d’abondance des ressources, mais qui se révèlent tout à fait inopérants dans un contexte de turbulence et de pénurie.
Par ailleurs, Olivier Hamant démontre que la performance menée à son paroxysme est vouée à l'autodestruction. Aussi, la performance ne peut être qu’un état transitoire, car en mettant en tension les ressources de l’écosystème, elle risque de faire imploser l’écosystème. On peut illustrer cette affirmation en prenant l’exemple du corps humain. Du point de vue métabolique, il semblerait que le corps est à son maximum de performance à une température de 40°. En cas de situation pathogène, la fièvre, est un instrument performant sur une courte durée, mais elle est évidemment un insoutenable à long terme.
Aussi, pour préserver nos chances de survie à long terme, Olivier Hamant propose de changer de stratégie en organisant un système robuste, construit comme un contre-modèle de performance, dont l'objectif est de garantir la santé de l'écosystème en faisant appel à des principes d’hétérogénéité, diversification, lenteur, circularité, coopération, capables de générer des marges de manoeuvre en cas de turbulences. Dans un modèle fondé sur la robustesse, la notion de performance n'est utilisée que comme un outil capable de régler un danger imminent, un instrument dédié à l’action urgente.
CITYZAN signe avec 22 acteurs de la ville (architecte, urbaniste, entrepreneur...) une tribune dans Le Monde pour une généralisation de la végétalisation comme technique d'optimisation énergétique et environnementale.
Le Sénat créé une mission sur le financement du ZAN, c'est à dire sur notre capacité à produire la ville en recyclage ET dans le même temps à garantir la régénération des sols urbains.
C'est LA question majeure qui va occuper les acteurs de l'urbanisme ses prochaines années.
C'est pour l'instant une équation à plusieurs inconnues qui n'a pas de solution évidente dans le processus actuel de création de valeur des actifs immobiliers (addition des coûts, prix de sortie et calcul de la marge)
Alors comment financer la production immobilière en recyclage foncier MAIS AUSSI la renaturation des sols urbains, des projets complexes qui génèrent des coûts, des délais et des risques supplémentaires pour les opérateurs?
Ainsi, le modèle économique standardisé du ZAN n'existe pas. Actuellement, la rénovation urbaine ne peut se réaliser sans activer massivement le levier de la dépense publique. Et depuis 2021, la création de dispositif de soutien comme le fonds friche en est une démonstration. Mais à l'heure où le gouvernement cherche à faire des économies, je doute que le recours à la dépense publique soit une solution d'avenir...
C'est donc tout le processus de création de valeur qui doit être repensé. A court terme, je ne vois pas d'autres solutions que d'engager une négociation entre les opérateurs publics et privés pour définir un nouveau pacte de la valeur urbaine, pour aboutir à une contractualisation sur-mesure (qui fait l'effort de financement et avec quelle contrepartie?)
Les bienfaits de l’arbre en milieu urbain ne sont plus à démontrer. Mais comme toujours les impulsions politiques louables (planter 1Md d’arbres) peuvent rapidement se traduire par des méthodes contre productives. Selon Philippe Clergeau, Hervé Jactel et Guy Fradin, c’est le cas de la nouvelle méthode de plantation des microforêts Miyawaki qui consiste à planter jusqu’à trois ou quatre très jeunes sujets au mètre carré pour aboutir rapidement à un couvert végétal mais qui se solde par une mortalité supérieure à 70 % dans les cinq premières années.
Alors pour que les effets d’annonce soient de véritables leviers de transformation, point de miracle, il faut de l’expertise, du temps long et de la coopération. C’est ce que prônent les auteurs de La tribune « L’arbre en ville doit être partie prenante d’un véritable socio-écosystème, dont il convient d’assurer l’intégrité et la vitalité, tant pour le bien-être des végétaux que pour celui des citadins. Pour les collectivités, une approche pluridisciplinaire associant concepteurs, gestionnaires et écologues est indispensable à des choix raisonnés »
Photo : Marion B.
En 2023, Martin Vanier a publié « intercommunalité, ce qu’exige l’urgence écologique », dans un numéro Hors-série de la revue Horizons Publics qui montre que la planification écologique est avant tout un défi pour la gouvernance locale.
La transition écologique ne serait pas dotée d’une capacité transformatrice intrinsèque. Au contraire elle serait « le levier d’une puissante standardisation techniciste des politiques locales »
Dans cet article, le propos est structuré autour de 3 affirmations
Un fil rouge qui lui permet de démontrer que l’action écologique aura un effet transformateur, à deux conditions : la modification de l’organisation locale du pouvoir et l’acceptation du conflit comme vecteur majeur de la transformation.
février 2024
En poussant un peu, on pourrait y voir une critique de la décentralisation : née d’une forte volonté d’autonomie locale et peut être même d’un désir de puissance, elle a très souvent eu pour effet, dès les années 90, la constitution de « fiefs » tenus fermement par des élus conquérants. Selon cet angle de vue, la décentralisation dissimulerait un mécanisme d’évitement du conflit, où en obtenant l'autonomie, le pouvoir local se libèrerait de la contrainte de négociation avec l’État ou avec le voisin... Que se passe t-il alors lorsque l'efficacité des politiques publiques exigent la coopération de tous les acteurs? la décentralisation devient inopérante. Et l'Etat est tenté de re-centraliser!
Intervient alors la logique de territorialisation des politiques publiques dont les modalités d’action reposent sur l’acceptation du conflit, la capacité à négocier, à trouver un compromis et in fine à agir à une échelle inter-territoire. La territorialisation semble d’autant plus pertinente pour le ZAN qui constitue un véritable défi de gouvernance urbaine, exigeant une négociation permanente entre les acteurs et entre les territoires pour être capable de répondre aux besoins. C’est d’ailleurs ce que dit Jean-Marc Offner dans l'excellent dernier numéro de la revue Urbanisme, dédié aux politiques urbaines en faveur des sols « il convient de formaliser des systèmes territoriaux aux destins liés, assemblant des espaces géographiquement et institutionnellement diversifiés mais interdépendants par les circulations qui le connectent et les ressources qu’ils partagent et par tout ce qu’ils sauront échanger ou mutualiser ».
Il s’agirait alors de passer d’un système basé sur la puissance à un système basé sur le conflit et la négociation. Et peut-être au passage, proposer un autre imaginaire de l’élu local pour favoriser le rôle du médiateur/influenceur à celui du décideur unilatéral et descendant?
Parmi les angles morts du ZAN : penser le foncier agricole...
Pour répondre à l'objectif de souveraineté alimentaire, l'agriculture a été classée dans la catégorie des sols à préserver, les ENAF (Espace naturel agricole et forestier) ce qui au plan de l'objectif écologique pourrait être considérée comme une anomalie. En effet, le modèle agricole actuel est très largement artificialisant pour les sols.
Donc, si on résume, le sol agricole est un sol très artificialisé classé comme non artificialisé dans les tableurs excel du ZAN. Et cette situation empêche de penser la transition du foncier agricole. Car pour les sols urbains artificialisés on sait ce qu'il faut faire (ou à peu près..) : déployer massivement des mesures de renaturation.
Mais pour les sols agricoles, que prévoit le ZAN?
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