Fanny Ervera

En quelques mots 

J’ai passé 18 ans en collectivités locales de 2005 à 2022, au sein de deux villes, une agglomération et un département. 

J’ai occupé diverses fonctions qui m’ont permises d’acquérir une expertise solide en matière d’élaboration des politiques publiques locales, en particulier sur celles liées au développement territorial qui permet de proposer un maillage adéquat des services urbains. 

J’ai également développé des compétences en management d’équipe, gestion des ressources et évaluation de la performance des services publics. Enfin, grâce à des fonctions de soutien aux décideurs publics, notamment aux exécutifs locaux, j’ai acquis une véritable maîtrise de la gouvernance locale et de ses enjeux spécifiques. 

En m’appuyant sur ce parcours dense et animée par la conviction profonde que l’action territoriale est un levier puissant de transformation, j’ai souhaité poursuivre mon engagement en tant que consultante auprès des opérateurs urbains publics et privées pour les soutenir dans la complexe transition écologique, foncière, sociale que nous devons mener collectivement. 

J’ai alors créé l’agence CITYZAN dont l’ambition est de contribuer à un développement territorial soutenable fondé sur l’écologie urbaine. 

L’impact du ZAN sur le modèle de production urbaine

La loi Climat et Résilience votée en 2021 impacte le modèle de la production urbaine de manière significative. Après un long processus de lutte contre l’étalement urbain, le législateur franchit un cran supplémentaire en faisant du principe de sobriété foncière le nouveau référentiel de la fabrique des villes. Mais contrairement à ce qui s’est pratiqué précédemment, il ne s’agit plus d’inciter, d’encourager à des comportements considérés comme vertueux, il s’agit de poser un objectif quantitatif dans un horizon temporel précis aux territoires. Cette politique offensive de lutte contre la dégradation des sols se traduit par l’objectif du « zéro artificialisation nette » des sols, dit le ZAN. Il impose la réduction de 50% de la consommation foncière avant 2030 avant de la soumettre à une logique compensation. Le solde net de consommation foncière devra être égal à zéro à partir de 2050. 

Mémoire professionnel 2023 

 

 

Ainsi, un changement de priorité s’opère : la lutte contre la dégradation des sols devient le cadre avec lequel les opérateurs de la ville vont devoir composer. Avec l’organisation de la rareté foncière, c’est le rapport au besoin qui est percuté. Car d’une certaine manière, la satisfaction des besoins en bâtiment et en infrastructure deviennent secondaires et à tout le moins, ils devront faire l’objet d’une redéfinition, d’une réévaluation, d’une hiérarchisation et d’une planification, dans la mesure où tout ne pourra pas tenir sur un même périmètre, les logiques de densification urbaine ayant une limite, celle de produire des effets négatifs sur la santé et l’environnement passé un certain seuil. Finalement, le ZAN poursuit la question philosophique et politique que la crise du COVID a fait émerger, « qu’est ce qui est essentiel » ? 

D’un point de vue opérationnel, l’objectif ZAN impose un renversement de la chaine de production focalisée jusqu’à présent sur l’aval, c’est-à-dire le produit immobilier et son prix final, en négligeant l’amont, c’est-à-dire le foncier, considéré comme une matière première dont la valeur financière était fixée à rebours. Le sol-foncier est appelé à devenir l’or brun des villes : en faisant du sol non plus une ressource à exploiter mais une ressource à valoriser au regard de l’importance de sa contribution au cycle du vivant, le ZAN implique de repenser les mécanismes d’élaboration de la valeur urbaine. La composition de la valeur se complexifie, elle ne peut plus être exclusivement financière mais elle doit intégrer les impacts écologiques et sociaux. 

Ainsi, le ZAN révèle les tensions et les rapports de force entre les acteurs de la ville. Il accélère la mise en difficulté du secteur de la promotion immobilière qui a fondé son modèle sur la production immobilière neuve en extension et n’investit que marginalement les programmes en recyclage urbain, faute de pouvoir boucler les bilans en particulier dans les zones où le marché est détendu. Dans une sorte de querelle entre les anciens et les modernes, le ZAN impose donc une recomposition de l’écosystème urbain vers une forme adaptée aux nouvelles conditions, moins linéaire et plus coopérative. Une période de transition s’installe dans laquelle de nouveaux acteurs émergent qui appréhendent différemment leur rôle, inventent de nouveaux montages, proposent de nouvelles formes de collaboration et réhabilitent la nécessité du temps long.

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